Très chers lecteurs
Eh bien voilà, ma tâche est achevée. J’ai fini de jeter mes sorts, et pour autant que je peux en juger, je les ai bien jetés. L’histoire de Lara et de Keir s’achève – du moins pour l’instant. La neige tombe en abondance, brouillant la vision que j’ai de la Grande Prairie.
Mon bureau est un véritable chantier. Les tasses de kavage vides s’accumulent autour de moi. J’ai des notes et des paperasses empilées jusqu’au plafond, et certaines se sont répandues sur le sol.
Je crois que je n’ai pas revu la lumière du jour depuis soixante-douze heures. Le réfrigérateur est rempli de nourriture avariée, et mes chats jouent sous les meubles avec des moutons – ou des poils de gurtles ? – presque aussi gros qu’eux.
Par la Déesse… Pas moyen d’y échapper. Il va falloir faire le ménage, ouvrir les fenêtres, sortir le balai et le chiffon à poussière. Malheureusement, les « sorts » que je parviens à jeter dans mes livres ne me sont d’aucune utilité dans ce domaine-là.
Pour commencer, je crois que je vais mettre un peu d’ordre dans ces notes.
Quoi ? Qu’est-ce que c’est que ça, sous cette pile de papiers ? Une paire de longs gants rouges… Mais que font-ils là ?
Ah, oui ! Je me souviens, à présent.
Une guerrière, avec une épée à la place du cœur. Insolente et audacieuse, celle-là… Décidée à écrire son destin à la pointe de son épée au lieu de le subir. Et quel est son nom, déjà ? Impossible de m’en souvenir. Une âme blessée, sans aucun doute. À présent que j’y pense, il pourrait lui arriver que…
Le ménage attendra. Rallumons cet ordinateur. Sans oublier d’aller faire passer un peu de kavage. J’ai une autre histoire à vous raconter…
Elizabeth